Nous le savons tous, le coronavirus plonge la France dans une crise sanitaire, mais aussi économique. D’un côté, les agences immobilières se voient contraintes de fermer leurs locaux. De l’autre, le confinement rend les déplacements des potentiels acquéreurs très compliqués.
Aurélie Miribel, directrice générale du réseau Cimm Immobilier répond aux questions qui planent autour du Covid-19 dans le secteur immobilier.
Madame Miribel, comment votre réseau fait-il face à cette épidémie ? Quelles actions avez-vous décidé de mettre en place ?
Comme c’est le cas pour tous les professionnels de l’immobilier, nos agences ont dû fermer leurs portes. Nous sommes équipés de tous les moyens digitaux nécessaires pour mener à bien les projets en cours de nos clients, et pour initier de nouveaux projets (visites virtuelles, rendez-vous en visioconférences, signatures électroniques…). Nous mettons à profit cette période en proposant chaque jour, en plus de nos matinales quotidiennes habituelles (formations en visioconférences sur toutes les facettes de la profession), des formations dédiées au perfectionnement de la communication et du digital . Notre équipe communication est pleinement mobilisée pour cela, ainsi que toute l’équipe du siège, mobilisée également pour répondre à toutes les demandes de nos agences et agents commerciaux.
D’après vous, quelles seront les conséquences sur le secteur de l’immobilier ?
L’immobilier a battu un record de ventes en 2019 avec plus de 1 075 000 transactions, soit une hausse sur l’année de 11,4 %. C’est une augmentation de 380 000 ventes supplémentaires en 5 ans.
Depuis l’annonce du confinement, nous nous trouvons dans une situation inédite, qui a nécessairement mis le marché sur pause. Les dossiers déjà initiés se poursuivent, et même si de nouveaux projets s’initient sur un parcours digitalisé, la situation actuelle va peser sur le volume des ventes en 2020, c’est une certitude. Pour autant nous préparons à la reprise qui pourrait s’annoncer forte.
Peut-on encore déménager malgré le confinement ?
Pendant la période de confinement et selon la réponse du ministère de l’intérieur, «Les déménagements sont autorisés, mais doivent être limités aux besoins stricts. Ils doivent être reportés chaque fois que nécessaire ». Pour cela, il convient de rédiger une attestation sur l’honneur, différente de celle qui est actuellement disponible, où sera expliqué le motif du déplacement (le déménagement) ainsi que sa date et l’adresse de son nouveau logement. Le déménagement ne doit pas être réalisé par plus de 5 personnes par jour.MAJ du 1er avril : Les déménagements ne sont plus autorisés sauf pour des situations exceptionnelles : le principe est celui du report, seuls les déménagements “relevant d’urgences sanitaires, sociales ou de péril” restent autorisés.
Les états des lieux sont-ils possibles ?
Notons tout d’abord que l’établissement d’un état des lieux d’entrée n’est pas obligatoire pour la validité du contrat de bail. L’intérêt de l’état des lieux est d’établir à l’entrée le bon état du logement, et à la sortie les éventuelles dégradations à opposer au locataire.L’état des lieux doit être réalisé de manière contradictoire, c’est à dire qu’il doit être réalisé en présence du bailleur et du locataire. Le confinement s’oppose à cette réalisation contradictoire “classique”, et les huissiers ne sont pas mobilisables. Dans ces conditions, il est conseillé de reporter les état des lieux : la priorité absolue est avant tout de stopper la propagation du virus et de protéger nos clients et nos collaborateurs.Lorsque le report n’est pas possible, la réalisation des états des lieux doit se faire en aménageant les solutions habituelles.
- Pour les états des lieux d’entrée :
Afin d’éviter une visite dans les lieux, le dernier état des lieux de sortie peut être transmis au locataire entrant en lui demandant de le compléter dans les 10 jours. Cela respecte l’obligation de réaliser l’état des lieux de manière contradictoire, et il pourra être signé par voie électronique.
- Autre solution à défaut d’état des lieux de sortie (nouvelle mise en location ou état des lieux précédent réalisé par une autre agence). Il est aussi possible d’envisager une vidéo des lieux en conférence ou photos accompagnant un mail listant les imperfections des lieux. Ces méthodes, bien que non conformes à la loi du 6 juillet 1989, permettront d’établir la bonne foi des parties et pourront être retenues par un juge compte tenu de l’urgence épidémique.
- Pour l’état des lieux de sortie :
A priori il peut être différé, dans ce cas et même si son préavis est expiré, le locataire sera redevable du montant du loyer durant toute la période occupée. Si l’état des lieux ne peut pas être différé, il faudra prévoir de le réaliser en entrant dans les lieux à tour de rôle, et bien sûr dans le strict respect des consignes sanitaires.Notons enfin qu’en principe le propriétaire ne pourra pas relouer son bien pendant la période de confinement, puisque les visites ne sont pas envisageables.
Qu’en est-il des préavis ?
Si locataire qui voit son délai de préavis arriver à expiration souhaite rester dans le logement jusqu’à la fin du confinement : c’est possible, il devra alors verser une indemnité d’occupation équivalente au loyer pour la période postérieure à la date d’effet du congé.